L'ISO TS 16949 : une vache à lait pour les organismes de certification ?

Issue de la norme ISO9001 , L'ISO TS 16949 est LA référence de la norme qualité pour l'automobile. Les constructeurs et les équipementiers la considèrent comme un pré-requis obligatoire pour consulter de nouveaux fournisseurs. Sans elle, bon nombre de marchés sont inaccessibles.

Un fournisseur ayant cette certification est sensé posséder un système qualité robuste, garantissant la tranquillité pour ses clients. Grâce à des audits annuels, on s'assure qu'il n'y a pas de dérive.

Qu'en est-il dans les faits ?

Nous pouvons déjà tous constater qu'avoir cette certification ne donne qu'une vague image du niveau de qualité d'une entreprise. Tous ceux qui ont audité plusieurs fournisseurs certifiés se sont rendus compte que la population était très diverse. De très mauvais fournisseurs sont certifiés. D'autres, bien meilleurs, ne le sont pas, simplement parce qu'ils ont jugé que cela ne leur apporterait rien de plus.
La certification ISO TS 16949 ne nous garantit donc pas la qualité des produits livrés.

Lorsqu'il s'agit de préparer un tel audit, il y a deux façons d'agir.
La première, pour les entreprise qui considèrent qu'elles n'ont pas le niveau, est de bachoter l'examen. On met à jour une foule de documents dont on ne se sert jamais, on falsifie des résultats jugés trop mauvais, on cache les documents qui risquent d'attirer l'attention de l'auditeur... La somme de travail est énorme, et le résultat est nul. En effet, aussitôt l'auditeur parti, tout repart comme avant. Les heures investies dans ce travail de bachotage auraient été mieux investies dans une vraie démarche d'amélioration, répondant aux besoins réels des clients. Vous conserverez votre certification, en ayant travaillé pour avoir l'audit, mais vous serez toujours aussi mauvais parce que vous n'aurez pas travaillé pour vous améliorer. 

La seconde solution est réservée aux entreprise étant déjà largement au-dessus de ce que l'audit ISO TS peut apporter. Quand on a un système qualité efficace, tourné vers le client, l'auditeur externe peut certes apporter quelques pistes d'amélioration mais ça n'ira pas plus loin. La solution est donc de ne rien faire, si ce n'est sacrifier une ou deux journées pour présenter la situation et répondre aux questions.

Après avoir vécu plusieurs audits, j'ai pu constater de leur peu d'intérêt. L'exigence des auditeurs est en réalité faible. Quand on se rappelle que c'est l'entreprise auditée qui paie l'organisme auditeur, et que les impacts d'une perte de certification peuvent être énormes, on comprend pourquoi.
Quel organisme de certification irait dégrader l'image d'un client qui le paie grassement en lui enlevant sa certification ?
Quelle entreprise ferait appel à un organisme de certification connu pour sa sévérité et son intransigeance ?

Quand on constate la variété des performances entrant dans le cadre d'une certication ISO TS, on peut douter légitimement de sa pertinence. La certification n'est donc plus un critère de choix légitime permettant de sélectionner les fournisseurs les plus performants, mais un simple pré-requis, une exigence plancher, conduisant à une élimination directe si vous ne l'avez pas, quel que soit votre niveau de performance réel.

Et pour l'avoir, il n'y a qu'une solution : payer un organisme de certification. Le système s'alimente lui-même et apporte en réalité peu de chose. C'est un piège dans lequel les entreprises se sont enfermées elles-mêmes

Et vous, que pensez-vous de ces audits ISO TS ? Votre vision est-elle plus optimiste ?

Pour vous aider à obtenir cette certification :